Ce sport est né d’un ensemble de réflexions mixées aux expériences personnelles de son créateur. Ça va comme suit:
Heureusement pour une majorité, nous vivons aujourd’hui une ère pacifique. De ce fait, les individus ayant la fibre guerrière n’ont plus leur place dans la société, particulièrement dans les pays « occidentalisés ». Toutefois, nos milliers d’années de combativité demeurent dans nos gênes et plusieurs ne savent plus comment diffuser cette énergie bouillante.
Pour se faire, il y a bien les arts martiaux, mais après de longues années de pratique, je demeurais insatisfait. Toute la philosophie derrière le système de combat des arts martiaux porte sur le fait que le pratiquant sera en mesure de se défendre en situation de combat réel. Or, justement, un bon pratiquant fera tout pour éviter un combat car la victoire la plus honorable est celle d’un combat qui n’a pas lieu. Malgré tout, il est possible de combattre récréativement au sein même de ces cours, mais cela en occupe une partie minime et les risques de blessures demeurent élevés. Parallèlement, certains des ces arts puisent dans une énergie négative pour pourfendre l’adversaire, comme dans certaines formes de l’art du sabre japonais où il faut puiser en soi la colère et l’extraire à grands cris. Inutile de dire que ça ne convient pas à tous les états d’âme.
La question se pose: est-il possible de se taper dessus en paix?? Pour le plaisir? De pousser une pratique martiale de façon ludique et l’amener au niveau d’art en atteignant de multiples paliers de maîtrise?
Au moment de ces réflexions, il n’existait pas d’équivalence. Je me devais de créer mon propre sport: l’Ordre du Combat Récréatif.
Voici comment c’est arrivé. J’ai découvert le combat à l’arme de mousse par le biais du théâtre immersif médiéval fantastique, que j’expérimente depuis l’âge de 13 ans. En parallèle, je me suis souvent promené avec des épées dans le coffre de ma voiture afin de partager ce plaisir avec les non-initiés. J’étais toujours étonné de voir comment les gens de tout azimut appréciaient cette activité et en ressortaient avec une impression de bien-être.
Au début juillet 2009, alors que je sculptais d’immenses sculptures en sable avec des collègues professionnels, je remarquai la disposition singulière de notre lieu de travail. Une arène de sable doré unissait l’ensemble des sculptures aux teintes grisâtres, qui l’entourait. Au centre, un tas d’armes grises que je laissais traîner pour le plus grand plaisir de mes partenaires de spatule et le bénévole qui veillait à notre confort. Alors que je m’offrais ces observations, le doyen des sculpteurs, un hippie des plus pacifiques, descendit de sa butte et empoigna une épée. Il la soupesa, fit quelques moulinets et je vis un éclair illuminer son regard. Il défia le premier passant et s’en suivi une heure de bastonnade intensive qui m’amena à craindre pour la santé du sexagénaire. À mon grand bonheur, point de crise cardiaque, mais bien un sourire radieux d’avoir pu se défouler ainsi et retrouver, l’espace de plusieurs épiques combats intergénérationnels, son coeur d’enfant.
C’est là que l’étincelle surgit. Je me mis à amalgamer mes connaissances martiales et artistiques pour créer les bases du sport que je pratiquais déjà, en quelque sorte, depuis plusieurs années.
Je me devais de propager cette activité bénéfique!
À cette époque, j’abordais les débuts de la parentalité et je sentais mon corps s’arrondir. Mon six pack était devenu un one pack. La notion de “garder la ligne” tournait davantage vers la notion de “restreindre la courbe”… J’avais essayé une multitude de sports qui ne me satisfaisaient pas. Malgré tout, ils m’avaient menés à une réflexion intéressante. Je les classai en deux catégories: les sports abstraits et les sports concrets.
L’abstraction sportive prend forme dans les sports dont le seul but est de bouger, d’accroître ou de raffermir la masse musculaire. On parle ici de musculation, de crossfit, de course, etc. On se bat contre soi. Ou l’on aspire à atteindre un niveau de bien être tel le yoga et le Tai Chi. On le fait pour un meilleur soi.
Le sport concret est motivé par un but en apparence ludique, comme marquer des points (hockey, soccer, etc) ou d’apprendre à se défendre (karaté, boxe, etc). On le fait contre l’autre et pour soi, seul ou en équipe.
Bref, aucun sport ne réussissait à créer un réel engagement de ma part malgré que j’y aie trouvé des éléments pertinents dans chacun.
Suite à l’illumination dans l’arène de sable, je me suis alors mis à développer un système qui amalgamait les forces de ces sports afin de rendre la pratique de l’OCR des plus intéressante et stimulante. Des arts martiaux, j’ai voulu inclure les aspects positifs comme la discipline, le respect, la maîtrise par la répétition et l’harmonie intérieure, tout en y ajoutant la créativité et le ludisme. Malgré tout, je trouve que l’essence des arts martiaux appartient aux siècles passés car, selon moi, tout repose sur l’aspect où l’on pourrait utiliser les notions acquises dans de véritables situations de combat. Ce qu’on veut éviter à tout prix.
Dans le cas de l’OCR, avouons-le, les chance d’utiliser les connaissances acquises avec le combat à l’arme de mousse sont plutôt minces. Autant en faire une force et s’assumer en tant que combattant ludique.
Autre constat à faire. Une arme de mousse n’est pas une arme d’acier. Elle dispose de caractéristiques qui lui sont propre et tenter répliquer le réalisme d’une arme nous amène dans un univers d’interprétations discutables. Selon les connaissances historiques des uns et l’aptitude à jouer le poids des armes des autres, les disparités entre les combattants désireux d’y intégrer le réalisme varie grandement. Afin d’éviter tout malentendu à ce sujet, j’ai décidé que simuler le poids des armes ne serait pas une nécessité à l’OCR. Néanmoins, plusieurs aspects seront à prendre en considération pour qualifier une touche digne de ce nom. Mon sport prenait de plus en plus forme dans ma tête.
Ayant fait du karaté de 5 à 17 ans, puis de l’escrime traditionnelle japonaise et européenne, j’avais plusieurs pistes d’enseignement martial. J’ai conçu une multitude d’apprentissages afin de développer le potentiel de chaque combattants. Que ce soit lié à sa position, à ses défenses et ses attaques en fonction des armes qu’un combattant peut manier, il y avait matière à développer!
Mon objectif était de rendre possible la personnalisation de sa pratique plutôt que de répliquer exactement le style d’un sensei ou d’une école martiale.
Pour les mettre en pratique, quoi de mieux qu’une multitude de jeux, puisés dans l’imaginaire collectif et d’autres créés de toute pièce. Ainsi, on apprendrait en se divertissant. Facile de faire des efforts quand on a du fun.
Une dernière chose m’agaçait dans les arts martiaux traditionnels. Trop souvent, j’avais vu des combattants qui se prenaient vraiment au sérieux et usait de leurs connaissances pour intimider les autres. À l’OCR, on se bat avec des armes de mousse l’gros. Essaie pas de faire ton frais, on va rire de toi! D’ailleurs, on me prend rarement au sérieux lorsque je parle de mon sport à de non initiés. Pourtant, il ne suffit que d’un combat pour réaliser l’intensité et le potentiel d’une telle pratique.
Donc, l’OCR, un sport concret et abstrait, où l’on ne se prend pas au sérieux, mais dont la pratique demeure sérieuse.
J’avais de bonnes base.
Maintenant, comment pourrais-je qualifier, quantifier la pratique et l’évolution d’un individu? D’un groupe, même?
Toujours sur mon tas de sable, j’ai conçu le système de grades. Il permet de suivre l’évolution des combattants en comptabilisant les combats, victorieux ou non. 7 grades aux couleurs spécifiques aideraient à visualiser l’ascension. Pour chaque combinaison d’armes, on entame une séquence gradée, comme si l’on accumulait des ceintures de karaté pour chaque combo d’armes en cours de maîtrise. En fait, c’est plutôt un mélange du principe des ceintures de karaté et des badges scouts, mais remplacés par des cartes attestant de ton ascension. C’est coloré et stimulant. Plus le combattant accumule des combats, plus il a de cartes. Le tout permet une variété qui différencie les individus d’un même niveau d’expérience. Un peu comme dans un jeu vidéo RPG.
Voilà, déjà à cette époque, les base de l’OCR étaient là. C’en est suivi plus de 10 ans de mise en pratique qui me permirent de tester les limites de tel ou tel concepts. Ce site en est le pinacle. Chacun des aspects abordés dans cette introduction (à part la sculpture en soi) seront développés dans les sections correspondantes.
Pour conclure, après tous ces efforts, j’ai acquis la conviction que l’OCR est une activité tout à fait contemporaine qui répond à deux besoins indéniables de l’Homme : se défouler et s’améliorer. Durant mes années de pratique, j’ai enseigné à des jeunes, gars comme filles, de 6 à 66 ans, dans le cadre de cours hebdomadaires, dans des fêtes, dans des festivals… et à chaque fois j’en tirais du plaisir et les participants repartaient le coeur léger, le sourire au lèvre… et ce, même s’ils avaient reçu un coup dans les roubignoles! Hé, hé. Et oui, car la pierre angulaire qui fait de l’OCR un art martial repose dans ses mots d’ordres, simples, efficaces qui se résumeraient par: tout ce qui est fait en fonction de l’Honneur et le Respect, générera du plaisir.